mardi 21 septembre 2010

"C'est pas sorcier, putain!" - L'ampli

Dans la grande tradition Hail&Kill'ienne de vous faire (re)découvrir des choses que tout le monde ne connait pas mais qui sont intéressantes à savoir, voici une nouvelle série destinée au métalleux désireux d'en apprendre plus sur le fonctionnement des ces appareils responsables de son acouphène et de sa dose de chair de poule quotidienne...


L'amplificateur. The fuckin AMP!
On en a tous au moins un et souvent plusieurs. Dans sa chaine hifi, la télé, les baffles du desktop, l'autoradio... Le guitariste (le bassiste également, pas de jaloux) aussi. Et il l'aime. Il lui ferait bien l'amour. Son sang coule dans ses câbles. Il n'est rien sans lui.

Cet engin, qu'on a au moins une fois eu l'occasion d'admirer derrière son maitre sur une scène, n'est pas une invention si récente. Il date même d'avant l'ère de l'électronique moderne. Et paradoxalement, c'est un peu à ce détail que l'on doit ce rugissement qui se doit de nous broyer les oreilles à un rythme soutenu : la distorsion!

Quiconque possédant un ampli hifi haut de gamme le sait parfaitement : la distorsion est LA chose à fuir, à éviter au péril de sa vie. Faut pas, c'est mal. Les premiers gratteux à avoir étrenné une guitare électrique se sont ainsi branchés sur des amplificateurs dont le but premier était de permettre au signal provenant des micros de l'instrument d'être transformés en son via un haut-parleur. Et ils n'étaient pas supposés distordre. Jusqu'au jour où...

Jusqu'au jour où des guitaristes un peu plus excités que les autres remarquèrent qu'en attaquant les cordes un peu plus sèchement que de coutume, le son prenait l'aspect de la surface d'une crème brûlée titillant non pas nos papilles mais bien nos attributs auriculaires. Un délicieux rougeoiement auditif qui a du leur faire le même effet qu'aux premiers hommes ayant goûté de la viande cuite. Le son du blues était né...

Pourquoi et comment un tel miracle était-il arrivé? Plongeons au cœur de l'appareil pour comprendre. Un amplificateur... amplifie le signal en provenance de l'instrument à l'aide d'un procédé électronique découvert par Einstein himself et qui implique l'utilisation d'une triode. Cet objet magique est composé d'une plaque chargée négativement (la cathode) faisant face à une autre plaque (l'anode) et d'une troisième dressée entre les deux tel un casque bleu. La cathode, une fois l'appareil branché, chauffe sous l'arrivée du courant et génère un flux d'électrons qui n'ont d'autre choix que de filer très vite vers l'anode. Entre les deux, la plaque centrale est, elle, reliée à la guitare et ce sont les impulsions qui en proviennent qui "contrôlent" le flux électrique entre les deux plaques. Une faible impulsion provenant de la guitare est ainsi amplifiée en se permettant d'interférer dans ce flux. Magique.

Là où ça devient vraiment cool, c'est que les triodes dont disposaient alors les fabricants n'étaient que de bons vieux tubes, des lampes (valves chez les Anglais). Vos grands parents pourraient vous en parler de ces vieux appareils qui ne fonctionnaient pas tant qu'ils n'étaient pas chauds, pesaient des tonnes et bouffaient autant de courant que tout l'éclairage de l'E40 lorsqu'on daigne encore l'allumer. La particularité de ces lampes (et chaque métalleux devrait allumer un cierge en l'honneur de son concepteur) est justement d'amplifier proprement le plus fort possible le signal perçu SAUF quand... ben sauf quand elles ne peuvent plus y arriver. Dans ce cas, le signal subit ce que les binoclards appellent un "écrêtage" (clipping) : les sommets de l'onde produite sont proprement coupés, sectionnés, tranchés et l'onde arrive ainsi dans le haut parleur qui le reproduit sous une forme qui fait que nos vies sont vivables : cette putain de distorsion! Et si les lampes font ça si bien, c'est que cet écrêtage est progressif, chaud et naturel à l'oreille (les harmoniques produites sont paires). Beaucoup plus tard, le transistor va remplacer la lampe mais aura la mauvaise idée de distordre de manière beaucoup plus sèche et cassante, écrêtant salement et produisant une chiée d'harmoniques impaires insupportables pour l'oreille. Quiconque ayant déjà poussé trop fort le volume d'une petite radio à transistors sait parfaitement quel genre de distorsion immonde cela peut donner. Malgré les énormes progrès réalisés par l'amplification à transistors (solid state), tout guitariste cherchant un son digne de ce nom joue encore et toujours sur des lampes quelque part dans son circuit.

Quelques mots sur le mode de fonctionnement de l'ensemble. A l'heure actuelle, tout ampli est doté d'un "préampli" chargé de sculpter le signal en jouant sur les composantes basses, moyennes, aiguës de son spectre (mid, treble, tout ça...), son taux de saturation (donc de distorsion via le réglage du "gain") et d'une partie "puissance" qui amplifie réellement le signal (et participe, à fort volume, à la distorsion globale via la saturation du transformateur) avant de le livrer en pâture aux hauts-parleurs . Les métalleux étant les barbares qu'ils sont, on assiste depuis 30 bonnes années maintenant à une surenchère de la brutalité en matière de distorsion avec un doublement, voire un triplement des étages de préamplification, sans compter l'adjonction de pédales de distorsion qui se chargent d'écrêter déjà le signal avant même qu'il n'arrive à l'ampli. Notons aussi la présence fréquente d'un réglage de réverbération sur la plupart des amplis (cet effet d'enceinte d'église) ou d'une "boucle d'effets" qui permet d'intercaler en série différents appareils de modulation du signal (chorus, flanger, phaser...) entre la préamplification et la section puissance.

Le marché actuel est saturé (sic) d'amplis qu'on peut classer en trois genres : le bon gros ampli à lampes, souvent cher, redoutablement efficace, essentiel pour le pro mais loin de l'être pour le garnement de tout âge jouant dans sa chambre (un bon ampli à lampes ne déchaine toute sa qualité qu'à volume élevé) ; l'ampli à transistors, plus abordable, moins fragile, impensable pour le puriste mais dont certains représentants sont très largement suffisants pour un usage amateur ; l'ampli à modélisation se servant d'algorithmes pour reproduire et imiter plus ou moins bien les sons d'une panoplie d'autres amplis légendaires et qui devient de plus en plus intéressant à mesure que la technologie s'affine.
Quelques marques réputées pour taillader du métal : Mesa Boogie, Randall, VHT, Laboga, Krank, Line 6, Soldano, Engl, Peavey, Diezel, Framus, Bugera, Orange, Hugues & Kettner... (hé non, pas vraiment Marshall qui, si pas préparé spécialement, est plutôt à réserver aux rockeurs et Hard-FM'istes, Fender aux bluesmen et Vox aux fans des Beatles).

Voilà de quoi briller à la prochaine réunion de famille, en attendant de pouvoir tailler la bavette avec un puriste qui vous parle de "soucis à refaire le bias des KT88 qu'il vient de monter à la place des 6L6 dans son Rectifier"...

7 commentaires:

  1. France 3 vient d'appeler, ils veulent que tu rendes les clés du camion Er-Jamy...

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  2. Ah oui tiens au fait question : c'est qui la puute et les deux fans de Kiss dans la 1e photo ?

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  3. Sinon c'était bien instructif hein merci tonton erjy :-D

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  4. Ca y est Butt, tu peux demander officiellement des subsides... pour raisons éducatives

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  5. La puute, aucune idée, photo d'illustration...
    Manque quand même la p'tite voix pour que ça soit complet!

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  6. Sinon, ça me rappelle le coup de génie de Eddie Van Halen, qui avait foutu du 220V au cul de son ampli made in US... (je rappelle pour les inculques que les Ricains sont régulés sur 110V)

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  7. Pour être exact, EVH avait fait bien pire que ça : il avait foutu un variac sur son ampli, càd un transformateur qui permet de descendre le voltage et faire saturer les tubes bien plus tôt. Résultat : son de malade mais ses lampes devaient être toutes remplacées après CHAQUE concert...

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