Je ne suis pas peu fier de mettre un terme à ma carrière scénique de cette manière. Bon certes, je referai peut-être un jour des concerts, mais hier, c'était officiellement le dernier de concert de Mississauga avec moi derrière le micro. Pour célébrer dignement un tel évènement, il fallait quelque chose de spécial, un petit plus qui rendrait l'évènement inoubliable. On a eu quatre petits plus : Anthrax, Megadeth, Slayer, et Metallica.
Jouer en première partie des Big Four, j'étais un peu comme un gérontophile à un concert de Frank Michaël quand on m'a dit que ça allait se faire. Certes, ce n'était que la retransmission de l'étape bulgare du Sonisphere, mais n'empêche, ça le fait.
Et puis, c'est pas tous les jours qu'on joue dans un cinéma, devant un public certes assis, mais qui dans son énorme majorité ne s'attendait pas à nous voir, et ne nous connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Sans oublier que c'était potentiellement TOUS des fans de Slayer ! Le challenge était donc de les chauffer à blanc histoire que la prestation des Big Four n'annihile pas complètement la nôtre.
Je n'aurai pas la prétention de dire que nous avons rempli le contrat, mais ce qui est sûr, c'est que je me suis amusé comme un petit fou et que j'ai vraiment donné tout ce qui m'était possible de donner. Ce qui est cool quand on joue devant des gens qui sont venus voir 4 heures de thrash, c'est qu'on peut se lâcher, ne pas avoir peur d'être trop brutal, trop provocateur. Je ne me suis donc pas gêné pour haranguer le public, certes assis, mais répondant avec enthousiasme à mes appels. En plus, comme je me l'étais promis, j'ai gueulé SLAAYYYYYYYYYYEEEEEEEEEEERRRRRRRRRRRRR dans le micro un nombre incalculable de fois.
En une grosse vingtaine de minutes et quatre morceaux, Mississauga m'a enfin permis de mettre un terme à cette belle aventure de la plus belle des manières, car je dois bien reconnaître que le dernier concert du groupe, à l'Inside Out, m'était un peu resté en travers de la gorge, vu que j'étais malade comme un chien, que j'ai du amputer le set d'un morceau et que j'ai failli y rester...
Quant aux Big Four, c'était cool, même s'il a fallu se faire à l'idée que tout le monde allait rester assis en bouffant des nachos et des pop corn, et qu'on allait pas démonter les sièges et transformer la salle 12 du Kinepolis en moshpit dantesque. Mais à part ça, les groupes n'ont pas déçu. Anthrax est apparu en grande forme, ouvrant sur Caught In A Mosh et enchaînant les classiques avec une aisance qui force le respect. Joey Belladonna est parfaitement à sa place, et visiblement heureux d'y être ! Ne relançons pas le débat, mais le chanteur d'Anthrax, c'est lui. Notons aussi le bel hommage à Dio, le groupe intégrant un long extrait de Heaven & Hell dans le break d'Indians.
Même si je n'ai pas vu l'intégralité du set de Megadeth (rangement de matos oblige) et que des quatre, c'est celui que j'aime le moins, je dois bien reconnaître que le groupe est ultra en place, que Mustaine est au sommet de sa forme, et que la setlist ne comporte que des classiques ultra connus et efficaces (ce qui tombe bien, c'est quasiment les seuls que je connais). De Holy Wars à Sweating Bullets, Peace Sells, Symphony of Destruction en passant par le récent et dévastateur Headcrusher, le groupe impressionne par sa maîtrise du sujet.
Slayer, comment dire... SLLLLLLLLLLLLLAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAYYYYYYYYYYYYYYYYYYYEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEERRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!! y a pas d'autres mots. Au fil de sa carrière, le groupe a eu des sales passages à vide (écoutez un peu Soundtrack To The Apocalypse si vous me croyez pas), mais là pour le moment, ils sont au sommet de leur forme. Puissants, rapides, précis, cohérents, les 4 maîtres absolus du thrash ont livré une prestation absolument gigantesque, annihilant tout sur son passage, y compris les 3 concerts qui l'ont précédé. Une véritable machine de guerre en marche, des grands classiques aux morceaux du dernier album qui passent de mieux en mieux (va falloir que je réécoute cet album d'ailleurs).
La prestation de Slayer aura été tellement ébouriffante qu'il m'a fallu du temps avant de vraiment rentrer dans le set de Metallica. Pourtant, en attaquant d'entrée de jeu avec un Creeping Death survolté, ça aurait dû le faire, mais ce n'est qu'au bout d'une vingtaine de minutes que j'ai atterri de Slayer pour redécoller de plus belle. Comme souvent avec Metallica, le plaisir va crescendo, avant d'exploser dans un final énorme. Ici évidemment, l'apothéose aura été la jam sur Am I Evil ? qui a rassemblé les 4 groupes (sauf Slayer, qui n'a envoyé que son batteur) sur scène, pour une version du morceau chantée alternativement par James Hetfield, Joey Belladonna et Dave Mustaine. Et y a pas à dire, voir Dave Mustaine et James Hetfield côte à côte sur scène (ce qui n'était plus arrivé depuis le 9 avril 1983 quand même !), ça fout un putain de frisson. Pour nous remettre de nos émotions, rien de tel qu'un rappel composé de Hit The Lights et Seek n'Destroy suivi du traditionnel laïus de Lars venu cette fois-ci annoncer que le show sortira en DVD. Renseignements pris, il devrait contenir pas moins de 4 heures de show, c'est à dire les sets complets des 4 groupes, et non les versions tronquées auxquelles on a eu droit au cinoche.
Cette soirée aura été largement à la hauteur de mes espérances, que ce soit par rapport à mes adieux à la scène ou au show des Big Four, dommage qu'on a pas plus souvent des comme ça !
(Photos : Nico Moors)