Ca faisait un moment que je m'étais quasiment juré de ne plus mettre les pieds dans un festival, mais que voulez-vous, il n'y a que les fans de
Slayer qui ne changent pas d'avis...
C'est donc avec grand plaisir que j'ai laissé le Phil m'emmener à Bomal pour cette treizième édition du Durbuy Rock. Le crochet par Bastogne pour la séance mitraillette nous a malheureusement privés des premiers groupes de la journée, ainsi que, accessoirement, l'envie de faire du stage-diving avant la tombée de la nuit.
Nous sommes donc arrivés au moment où les Américains de
Horse The Band concluaient leur set, signant une performance leur attribuant la palme des "zarbis du jour" : des guitares vaguement death et un chant scream/growl accompagnés par un synthé genre Bontempi et un... triangle. Je n'invente rien, le type au triangle était super motivé et convaincu que son instrument faisait toute la différence. Je n'ai pas distingué de cable reliant ce bout de métal à une disto, peut-être n'y ont-ils pas encore pensé.
Un de nos objectifs pour ce jour était de se remplir les cages à miel des bons décibels pondus par
Hacride, et les Français ne nous ont pas déçus. Tout d'abord ils jouaient sur la scène extérieure (remarque importante pour la suite), mais en plus ils ont osé jouer deux des plus longs morceaux de
Lazarus, pour notre plus grand plaisir.
La mauvaise nouvelle, c'est que l'horaire (à savoir quarante minutes à partir de 15h) était absolument indigne d'un groupe de cette trempe. Résultat, un public plus que clairsemé et mollasson comme un gros pourceau qui vient de s'enfiler, euh... au hasard, une mitraillette. Malgré cette désillusion, le groupe a fourni une solide prestation et le chanteur Sam n'a pas perdu son sourire et sa décontraction. Nous nous sommes empressés d'aller le féliciter juste après, et il nous a fait part d'une "possible date au Luxembourg à la rentrée". Je signe à deux mains, no soucy !!!
On repasse devant la scene intérieure pour y découvrir un groupe dont la description m'avait alléché :
Amen Ra, "groupe belge culte du post-hardcore down-tempo". Tout un programme non ? En fait, le programme a fait flop au bout d'un morceau et demi, vu que la musique, bien que lourdissime à souhait, ne proposait que des accords plaqués paresseusement sur un faux rythme doom/sludge, et n'offrait donc que trop peu de variation.
Mais il nous a tout de même été donné d'assister à une grande première (?) dans ce genre d'évènement : le chanteur a chanté L'INTEGRALITE du set dos au public. Combiné au fait que son "chant" était plutot une succession de cris stridents désarticulés, que même à côté
Brutal Truth parait propre sur soi, vous imaginez aisément que cette "expérience" fut plutot déplaisante.
Re-scène extérieure, et commence notre long pélerinage dans la jungle du hardcore pur et dur, avec cinq gosses rassemblés dans une formation nommée
Trapped Under Ice. C'est vilain, minimaliste, pas communicatif, et en plus à force de se démener et de gueuler à pleins poumons, le chanteur passe le dernier quart de chaque chanson à reprendre son souffle en zappant un mot sur deux. Bref, il y a encore du chemin à faire, et c'est pas ce genre de prestation qui va me réconcilier avec le hardcore, rumine-je dans ma barbe.
Phil et moi choisissons le moment pour nous dégourdir les jambes et méditer devant l'Ourthe sereine, ce qui nous fait manquer une grande partie de
Sidilarsen, une formation electro-metal de Toulouse. Je regrette un peu ce timing, car ce que j'ai pu en entendre se laissait écouter avec un certain plaisir, malgré le côté un peu démodé de cette frange du metal. C'était assez proche de
Mass Hysteria, avec des moments sympathiques et propices à déclencher le "vautchon" (comme on dit dans la région), genre une reprise du
Breathe de
Prodigy, etc. Sans doute la petite surprise de la journée, en ce qui me concerne... à creuser.
Sur la scène extérieure, une autre formation hardcore (
Stick To Your Guns) n'a pas tardé à aligner les sempiternels accords à la mords-moi-l'noeud qu'on avait du subir une petite heure plus tôt. Circulez, y a rien à voir : on décide de splitter pour un casse-dalle en dehors de l'enceinte du festival.
Un crapuleux burger plus tard, nous prenons nos positions dans la salle pour savourer notre dessert, à savoir la venue des Marseillais de
Dagoba. Franky fait son sound-check lui-même, et en rajoute des tonnes, mais on s'aperçoit déjà que l'acoustique de la salle ne va pas servir le style d'un groupe comme
Dagoba.
Et dès les premières notes du set, c'est la grosse bouse acoustique : bien que très impressionnant à contempler, Franky et sa double caisse bouffent complètement le reste. Regards interrogés vers le type en charge à la table de mixage, mais pas de réaction... J'en parle à la personne à côté de moi pour être sûr que ce n'est pas moi qui deviens sourd, mais non, pas de doute. Une fameuse déconvenue pour un groupe qui doit encore prouver, en ce qui me concerne, que
Face The Colossus mérite mieux sur scène que sur platine... La bouillie n'empêchera pas les (nombreux) inconditionnels de s'en donner à coeur joie, et nous assisterons même au seul wall of death de la journée pendant ce set.
Le groupe suivant ne nous consolera pas vraiment, puisqu'il se produit sur la scène extérieure, et l'agenda est tel que après
Hacride, seuls des formations hardcore y sévissent. C'est donc au tour de
Born From Pain, et allons-y pour une petite heure de musique qui se veut rebelle mais qui reste une des plus formatées, tous genres compris. L'ennui s'installe et les gosiers engloutissent mousse sur mousse.
La nuit tombe et la première (?) grosse pointure arrive sur le podium intérieur :
The Milka Boys Samael. Phil et moi avions déjà eu l'occasion d'échanger nos points de vue (convergents) à propos du dernier album, dans lequel le quatuor n'a heureusement pas trop pioché pendant le set. Mais fourtt de nondikass, c'est pas pour autant que celui-ci était emballant. La faute derechef à ce putain de son pourri dans cette putain de salle de putain d'omnisports. On s'est rendu compte que se placer complètement décalés vis-à-vis de la scène améliorait légèrement l'acoustique, ce qui est un comble. Mais bon, je retiens surtout la première place de poseur attribuée sans hésitation au chanteur Vorph, dont le talent de communication reste en mode rase-mottes malgré ses vingt-plus années d'expérience (la majorité de ses interventions consistant à exhorter le public à scander HEY-HEY-HEY à l'unisson)... Bref, on commençait à devenir de mauvaise humeur, et nous n'avons pu tromper l'ennui que grâce à l'arrivée de
LG Petrov et
Alex Hellid sur le stand de
Entombed. Il était révélateur de constater que les grands maitres du Death Metal suédois animaient eux-mêmes leur merchandising. Ma gorge se serra un instant.
De guerre lasse, nous nous sommes dirigés pour la dernière fois vers le podium extérieur pour y subir les assauts de la grrrrrande tête d'affiche hardcore, à savoir les losangeliens de
Terror. Après avoir vu les artworks sur les T-shirts en vente, que je considère comme les plus moches depuis la pochette d'un certain
Poison, j'avais un a-priori ultra négatif. Et là, je dois avouer... ce fut la deuxième surprise de la soirée. Musicalement, on ne pouvait pas attendre grand chose de cette formation, mais au niveau de la présence sur scène... c'était du jamais vu. En particulier le bassiste, le plus remuant de la création depuis
Frank Bello, et surtout le chanteur, qui doit dépenser facile 200.0000 calories en l'espace d'un concert. Hallucinant. Le plus beau, c'était l'appel non dissimulé à mettre le boxon : "
We're not fucking rock stars. This stage is your stage. I want to see some serious stage-diving. You, you, you, you and you : you are going to stage-dive on the next song." Et il allait jusqu'à laisser son micro pour laisser un fan le remplacer le temps d'un couplet. Inutile de dire que les circle-pits se sont enchainés... Un bon petit moment de divertissement, qui m'a redonné envie d'écouter
Deviate et
Downset. Pas
Hatebreed hein, faut pas exagérer.
Minuit approchait et les messies du mal allaient enfin arriver...
Entombed, un des groupes que je me suis juré de voir sur scène avant ma/leur disparition. Oui, c'était la première fois pour moi... donc, comme le puceau que je suis, et voulant éviter la déconvenue des groupes les ayant précédés sur la scène intérieure, je me suis dit que le moins risqué (acoustiquement) serait de se positionner contre ladite scène. Eh ben c'était la meilleure idée de la journée. Le son était tout de suite mille fois meilleur, pas cristallin mais c'est chose impossible dans ce genre de manifestation. Nous étions quasiment à portée de main de
Alex Hellid, qui oeuvre désormais seul à la gratte -- un putain de sacerdoce, si vous voulez mon avis. Mais il a tenu bon, en donnant un sens à l'expression "jouer les yeux fermés", aidé par de solides
Nico Elgstrand (basse) et
Olle Dahlstedt (percu). Le chant de
LG était difficilement audible, mais c'était un semi-problème vu que le chanteur était très visiblement plein comme une barrique, au point que c'en devenait pathétique par moments.
Il range sa clope dans sa poche, s'emmêle les pinceaux dans les cables des grattes, chancelle et vacille... un vrai branquignol. Quant au set, il nous a faits voyager du début à la fin de la carrière du groupe, avec des titres comme
Sinners Bleed,
Night Of The Vampire,
Damn Deal Done, ainsi qu'un
To Ride, Shoot Straight And Speak The Truth sorti tout droit de mes phantasmes... Un minimum de présence scénique, mais un maximum d'impact. Lorsque
LG quitte la scène avant le rappel, j'ai un pincement au coeur : aucun morceau de
Wolverine Blues, un des albums que je porte au pinacle depuis 1993. Le quatuor se représente sur scène pour le rappel convenu et joue cinq autres morceaux que je vous donne en mille :
Morning Star /
Demon /
Wolverine Blues /
Out Of Hand / [connais pas]. Autant dire que j'ai fini ce Durbuy Rock en mode "sévèrement burné"... signe du destin, j'ai pratiquement découvert sous ma semelle un médiator d'
Alex... y a des soirs comme ça...
Dans la purée de pois qui nous a accompagnés sur le retour, le larsen résonnait dans mes oreilles et semblait me projeter continuellement aux premières secondes de
Eyemaster : "
I Am The Way"...
/V\