Première occasion de concert dans l'Arena de Trêves, et premier constat : c'est vachement similaire aux Arènes de Metz. Y parait qu'on peut y caser jusqu'à douze mille personnes, mais même si la salle était pleine comme un oeuf, je doute qu'il y avait autant de gens. Passons.
Pour ouvrir le bal à vingt heures tapantes (on n'est pas chez les Teutons pour rien) : les anglais de
Marillion. Certes un grand nom qui résonne dans le milieu classic rock, avec une discographie prolixe, en particulier durant leur seconde "ère" avec
Steve Hogarth, depuis le départ du mythique
Fish. Il parait qu'ils sont
réputés pour leurs prestations en live... pour ma part, j'ai trouvé ça mou du bide. OK je ne m'attendais pas à du
Led Zep, mais tout de même. Le répertoire n'a jamais semblé décoller, et à chaque fois que je trouvais une accroche, je me disais : ça me rappelle
Pink Floyd (mais en moins brilliant)... ou encore
Simple Minds (mais en moins énergique)... voire
Vangelis (mais en moins typé)... bref, un constat peut-être bien sévère de la part d'un non-initié, mais après tout, c'est au groupe de convaincre TOUTE l'audience, pas juste les fans.
L'audience en question est restée bien sage pendant ce set, et je me suis dit que ça allait barder quand débarquerait le grrrrand
Purple. Eh bien que dalle, la salle est restée dans une attitude quasi religieuse du début à la fin. Il faut dire qu'il y a de quoi vivre une expérience mystique, quand on pense à l'historique du line-up :
Coverdale,
Satriani,
Blackmore... scusez du peu. Pourtant, la première moitié du set s'est révélée particulièrement intense, avec des titres comme
Highway Star (en ouverture),
Strange Kind Of Woman et
Fireball. "Intense", le terme s'est imposé à moi en me rendant compte à quel point le claviériste dominait les débats. Il faut dire que les compos sont quasi systématiquement organisées autour d'un double solo guitare-claviers (ou l'inverse), et même si
Steve Morse n'a rien perdu de sa virtuosité, c'est bien
Don Airey qui m'a le plus impressionné.
Son style de jeu transforme véritablement ses claviers en instrument à percussion, un peu comme à la manière de
Jerry Lee Lewis, mais en y ajoutant une dimension grandiose dans les lignes mélodiques. Un vrai régal. Avec
Roger Glover, les trois musiciens continuent visiblement à prendre beaucoup de plaisir sur scène, souriant à pleines dents, s'échangeant des commentaires complices, exhultant parfois.
Quand je vois l'attitude scénique de certains groupes comme Slayer, dont la prestance équivaut à celle d'une moule ébouillantée, j'en reste songeur.Le set s'est ensuite un peu tassé vers la moitié, pour revenir en force avec des morceaux comme
No One Came et
Space Trucking, et pour terminer sur l'inévitable
Smoke On The Water. Un rappel convenu plus tard, le groupe clôture en beauté sur
Hush et
Black Night. Gros regret personnel : pas de
Child In Time, sans doute la chanson que je préfère dans le répertoire du
Purple.
Ce ne fut donc pas une soirée d'apothéose, mais je suis sorti de la salle avec un sentiment d'achèvement, un peu comme si j'avais complété un "checkmark" dans mon existence de fan de musique musclée. Il faut dire que se retrouver devant un tel épanouissement scénique, en réalisant que le chanteur et le bassiste ont aujourd'hui 65 ans... j'en avais presque les larmes aux yeux. Long live the
Purple...
/V\