jeudi 27 novembre 2008

La retournement de veste de la semaine : Chinese Democracy

ça y est !!! 17 ans après le diptyque Use Your Illusion, son "successeur" atterrit enfin dans nos oreilles, dans une version officielle, propre, légale, et approuvée par Axl Rose HIMSELF !!! Alors, pour commencer, disons le tout de suite, s'il ne s'était pas agi du nouveau Guns, aka "l'album le plus attendu de toute l'histoire de l'humanité" et que je n'étais pas un fan absolu des Guns depuis trééééééééééééééééééééééééééééééééééés longtemps, je n'aurai pas accordé plus que 12 secondes d'écoute à cet album, tant la 1ère impression que j'ai eu en l'écoutant a été "mais qu'est ce que c'est que cette daube ?"

Sauf que je dois bien à Axl de faire un peu plus d'efforts qu'une écoute distraite... Après tout, c'est les Guns (et Body Count) qui m'ont donné le goût de l'anglais et qui donc me l'ont en grande partie appris (d'où mon accent californien), et on me surnomme encore (à ma grande joie) Axl Hetfield après les concerts de Mississauga... Bref, les Guns, c'est sacré, et donc on leur donne leur chance... Et donc je me suis farci l'album en entier, à fond, en étant attentif (enfin, autant que faire se peut derrière un volant).

Sauf que là, il ne s'agit pas des Guns... Et c'est à mon avis là LE plus gros défaut de ce disque... Si Axl avait eu le courage de le sortir en tant qu'album solo, ou sous un autre nom, je suis sûr que les expérimentations dont l'album fourmille passeraient beaucoup mieux. Parce que si on fait abstraction du fait qu'on est bel et bien à 8 zillions d'années lumière du moindre demi riff ou coup de clochette d'appetite for destruction, ben on se retrouve avec un album plein de surprises, dont certaines sont même très bonnes !!

D'un point de vue global, l'album a deux énooooooormes qualité : la qualité des compos, et la voix d'Axl, qui est tout simplement MAGIQUE... Par contre, il a aussi deux défauts majeurs : l'orchestration surabusive (en même temps, en 15 ans de studio, on a le temps d'en taper des couches), et le manque de cohérence de l'ensemble. Là aussi, pas de secrets, des morceaux composés et enregistrés il y a plus de 10 ans côtoient des nouveautés, il y a plus de musiciens crédités sur l'album que de fans de Velvet Revolver (ouais bon j'aime pas VR non plus), ça aide pas à créer de l'unité sur un album... Le mieux à faire est donc à mon avis d'analyser tout ça morceau par morceau, ça permettra de se rendre compte à quel point le génie cohabite parfois très bien avec la médiocrité...

  1. Chinese Democracy : Après une (trop) longue intro, un riff de guitare sympa mais avec beauuuuuuuuuuuuuuucoup trop d'effets ouvre les hostilités... Bel exemple de ce qui va vite devenir souvent lourd dans cet album... Par la suite, un morceau de rock assez générique, mais qui contient tous les éléments nécessaires à en faire un gros tube, c'est d'ailleurs le premier single.
  2. Shackler's Revenge : Premier choc pour les fans de rock n'roll !! Une intro électro qui n'aurait pas déparé sur un album de Prodigy au début du siècle... Et le reste du morceau a des arrangements très électroniques, mais ça reste un morceau bien foutu, avec un refrain hyper accrocheur, première marque du talent hors normes d'Axl.
  3. Better : une fois passée l'intro pop/électro, on entend enfin la première vraie perle de cet album. Ballade faussement gentille, c'est un hit en puissance qui nous emmène d'un bout à l'autre, contenant à la fois des éléments de comptine et des phrases beuglées avec rage... Totale réussite.
  4. Street Of Dreams : Pour la première fois sur cet album, on reconnaît un élément distinctif des Guns, à part la voix bien sûr : le jeu de piano typique, celui qu'on retrouve sur November Rain ou encore Estranged... Et c'est bien dans cet esprit que se situe le morceau, le côté épique-progressif en moins, enfin, en moins long en tout cas. Pourtant, il s'agit là d'un morceau passable, limite énervant, avec beaucoup trop de cordes et d'orchestration, mais la ligne de chant est magistrale...
  5. If The World : Est-ce qu'on a demandé à Axl de composer une chanson pour un James Bond pour finalement ne pas la retenir ? Est-ce qu'il a voulu rendre hommage à ce type de morceau ? On ne le saura sans doute jamais, mais ce qui est sûr, c'est que ce morceau ferait parfaitement l'affaire pour un hypothétique James Bond qu'on intitulerait "If The World Would End Today...". Tous les ingrédients sont là pour en faire un morceau catchy, aux influences funk-soul assumées, limite r'n'b, donc il faut faire preuve d'une sacrée ouverture d'esprit quand on est un gros métalleux pour apprécier ce morceau... Mais si on imagine ça à la place de la merde de Jack White et Alicia Keys, on se dit que finalement ce morceau est pas si mal que ça au fond.
  6. There Was A Time : Pas beaucoup d'inspiration pour ce morceau inutile et largement dispensable... Next...
  7. Catcher In The Rye : 2ème bouse de l'album... On se réjouit que ça s'arrête !!
  8. Scraped : une harmonie vocale intéressante introduit un des morceaux les plus couillus de l'album... Attention hein !! On est encore à des lieues d'un Get In The Ring ou Perfect Crime, mais c'est assez bien foutu dans l'ensemble et c'est aussi le morceau le moins sur arrangé de l'album.
  9. Riad n' The Bedouins : ça commence comme un morceau des Chemical Brothers... aïe aïe aïe... Puis finalement, on tient le shocker de l'album... Un riff surpuissant, des miaulements Axliens de toute beauté... Si on avait pu éviter les petits accents électro qui viennent ternir un peu l'ensemble, on aurait un tout beau morceau. Mais ça reste un des moments les plus énergiques du disque.
  10. Sorry : une ballade douce amère aux paroles pleines de mépris (doit y avoir des oreilles qui sifflent, je payerais cher pour savoir à qui cette chanson s'adresse, Axl s'y prend comme personne pour enfoncer les gens qu'il aime pas, comme dans Get In The Ring, mais plus en finesse ici), couplée au MEILLEUR refrain de tout l'album : J'adore !!!
  11. I.R.S. : un morceau qui résume parfaitement l'album : énervant au possible, mais malgré tout hyper accrocheur, et plus on l'entend, plus on a envie de le réécouter...
  12. Madagascar : Le morceau le plus progressif et expérimental de l'album... Assez difficile à appréhender lors des premières écoutes, mais il se révèle au final assez intéressant, même si le passage rempli de samples (dont un petit bout qui était déjà présent sur "Civil War") est un peu lourd et pas très utile...
  13. This I Love : Alors là attention !!! Il faut attendre l'avant dernier morceau de l'album pour avoir droit à un véritable chef d'oeuvre !! Il s'agit d'une magnifique ballade piano-voix, assez simple, aux paroles à tomber par terre, avec une structure comme on en faisait plus depuis les Scorpions... Sans conteste le MEILLEUR morceau de l'album, et à mon sens la meilleure balade qu'Axl ait composée depuis... euh ben depuis rien, meilleure ballade tout court !!! A noter que c'est aussi le seul morceau composé par Axl seul, tous les autres ayant été écrits et/ou composés par les dizaines de musiciens qui ont joué dans les Guns ces dix dernières années. Pas de doute, Axl est bel et bien le meilleur songwriter de sa génération. C'est aussi le seul morceau de l'album ou l'orchestration bien présente (violons, flûtes, y a même de la harpe !!!) sert largement le morceau, plutot que de le polluer, comme dans pleins d'autres...
  14. Prostitute : Un morceau à la structure hors norme, un peu comme Madagascar, qui comporte de grands moments, mais aussi des moments inutiles... Dommage de terminer par ce morceau en demi-teinte...
Bien, il va donc falloir conclure. Comme je le disais dans le début de mon article, ça m'a demandé pas mal d'efforts d'écouter cet album avec une oreille vierge de tout préjugé... Au final, il faut bien reconnaître que malgré ses défauts, j'aime vraiment beaucoup cet album... Aurait-il pu être meilleur ? Oui, c'est sûr, la qualité des compos est là, et s'il avait eu des arrangements plus simples et bruts (genre guitare basse batterie Axl), on aurait sans doute eu là un sérieux concurrent au titre d'album de l'année (oui, oui, devant Death Magnetic !!), mais ses défauts sont bien trop nombreux.
D'abord, il ne s'agit ici clairement pas d'un album des Guns. En même temps, il ne faut pas oublier qu'il y a 3 fois plus de Guns dans Velvet Revolver qu'ici, et qu'on leur a jamais reproché de pas sonner comme les Guns. Seulement voilà, on nous le vend comme le nouvel album des Guns, et c'est dur à digérer quand on compare cet album au reste de la discographie des Guns. Cela étant dit, il y a aussi des énormes bouses sur les autres albums hein !! Moi, quand j'ai acheté les Use Your Illusion, je me suis quand meme pas jeté sur les 34 morceaux en n'y voyant que des chefs d'oeuvre : 14 Years, Locomotive, My World, Dust n'Bones, y m'a fallu des années pour les apprécier...
Ensuite, ce n'est pas un album de rock... Certes, il y a des grosses guitares de ci de là, ils ont des longs cheveux tout ça, mais les arrangements dépassent largement les limites du rock, et si c'est dur pour nos oreilles de rockeurs tatoués, voire de gros métalleux plein de bière (je ne vise personne en particulier :), c'est une démarche finalement assez ouverte que de ne pas avoir de limites et d'oser utiliser des instruments qu'on a pas l'habitude d'entendre. Mais de nouveau, il y en a beaucoup trop, et c'est pas vraiment ce qu'on attend d'un album rangé dans le rayon Metal des disquaires.
Une fois ces ignominies digérées, il nous reste 14 compos très riches, écrites avec génie (je l'ai acheté aujourd'hui, les paroles sont à tomber !!), chantées à la perfection, avec un son parfait !! Et le principal, c'est que si j'ai littéralement détesté cet album les premières fois ou je l'ai entendu, ben plus je l'écoute, plus j'ai envie de le réécouter... Et ça, c'est un signe qui ne trompe pas...