Il est assez rare que je chronique un concert local, mais je fais une exception cette fois ci car, une fois n'est pas coutume, l'affiche et les sets des trois groupes étaient largement du niveau d'un "vrai" concert.
En ce soir d'Halloween, quoi de mieux pour commencer qu'un groupe de death gothique doomy, avec le tout premier concert des prometteurs Fading Bliss. Très en place, le professionnalisme des vieux briscards présents dans le groupe (Kazak, ex-Dewback, ex-Redrum 4 aux grattes, Dahl et Florian d'Innerfire au chant et au clavier) donne au groupe la confiance nécessaire afin que la timidité d'un groupe débutant ne prenne pas le dessus. Du coup, si la chanteuse Mélanie, dont c'était le tout premier concert, était un peu intimidée en début de set, déstabilisée qu'elle était par un mix hasardeux, elle a pris confiance en cours de set, parallèlement au son qui s'est amélioré, et a donc pu montrer l'étendue de son talent avec plus d'aisance. Musicalement, c'est sur que les groupes gothiques à clavier et à chanteuse, c'est pas tellement ma came, mais ici, la lourdeur des riffs, et la voix caverneuse surpuissante de Dahl m'ont permis de malgré tout passer un moment agréable. Notons aussi la reprise remarquable de Black Sabbath, réarrangé de manière très ingénieuse pour l'occasion. Premier essai transformé sans peine pour Fading Bliss donc, qui cherche un deuxième guitariste, si jamais il y a des amateurs, je ferai suivre...
Le ton change avec Spitdown. Ça fait longtemps que je dois vous parler de ce groupe, je cueille l'occasion pour le faire. Il existe depuis quelques années, et comme ils sont liégeois, je les vois régulièrement en concert un peu partout. Et leur particularité, c'est d'être à chaque concert un peu plus puissants, un peu plus efficaces, un peu plus en place que la fois précédente. Et comme ils tournent depuis quelques années déjà, ils ont maintenant atteint un niveau de baffe dans ta gueule ultra impressionnant. Si, d'une oreille distraite, on pourrait les prendre pour des imitateurs de Hatebreed, il suffit de s'attarder deux secondes sur le jeu de guitare de Rob (ex-Redrum 4, décidément...) pour se rendre compte que cet homme est une machine à riffs ultra impressionnant. J'ai rarement vu des guitaristes aligner des riffs aussi complexes les uns après les autres sans jamais sacrifier à la puissance et à l'efficacité. En outre, Rob est aussi un chanteur hors pair, dont la puissance et le sens de la mélodie n'est pas sans rappeler Billy Graziadei, voire même Ross par moments. Son apport à la voix puissante et rageuse de Toni est une autre grande qualité du groupe. La section rythmique est carrée, mais puissante et efficace, et Mehdi (basse) s'y prend comme personne pour haranguer le public. Notons aussi la désormais traditionnelle apparition de Séba, ancien chanteur de Dewback (et de Redrum 4, ben ouay...), venu tout détruire sur une reprise de Dewback avec une classe quasi-royale.
Après la grosse baffe assénée par un Spitdown au mieux de sa forme, je voyais d'un oeil circonspect débarquer les bruxellois de Bloodshot. Mais très vite, je me suis rendu compte que leur batteur n'était autre que Twan, DAS batteur de hardcore et assimilés de Belgique, qui joue dans à peu près tous les groupes du monde, dont Deviate, Length Of Time et donc Bloodshot. En outre, leur frontman est le type qui gueule sur l'excellent album de Hunter sorti plus tôt cette année, et un des guitaristes avait des longs cheveux et un t-shirt Dark Funeral. Or, c'est bien connu, quand un groupe de hardcore (belge) a un guitariste de death dans ses rangs, on arrive vite dans la cour d'Arkangel, et si Bloodshot est un groupe de hardcore pur jus, les apports death, voire thrash, voire black, du guitariste, couplé à l'impressionnant jeu de Twan à la double, donne une puissance implacable à l'ensemble. Livrant un set très pro, de classe internationale, Bloodshot rappelle parfois aussi Terror dans son côté ultra brutal et sans concessions. Va falloir que je mette la main sur leurs albums à ces gens là !
Après ça, c'était soirée Halloween, et DJ Morbid, qui fêtait ce soir là ses 87 ans, en a profité pour nous repasser les plus grands classiques de toute l'histoire de la musique, du coup j'ai eu mal à la nuque, les oreilles qui sifflent et la voix niquée pendant une semaine... Merci bien Morbid !!!