En 2002, Killswitch Engage mettait un grand coup de pied dans la fourmilière métal qui était tout doucement en train de s'enliser dans un marasme nu metal dominé par un Korn fatigué, limite parodique, un Slipknot dont le gimmick commençait tout doucement à lasser, et l'ensemble de leurs suiveurs, aucun ne semblant capable de leur succéder. Alive Or Just Breathing prenait le contrepied de toute cette scène et remettait l'église au milieu du village en réintégrant la puissance, la technique, le son et le sens de la mélodie intelligente sur le devant de la scène. Loin de moi l'idée de vouloir minimiser le rôle des autres musiciens du groupe, mais il est évident que les deux architectes de cette mini-révolution étaient Adam Dutkievicz, guitariste brillant et compositeur de la majorité des chansons, et Jesse Leach, un frontman à part dans la scène métal, le seul à afficher une puissance vocale phénoménale à une sensibilité à fleur de peau qu'on ressent à la fois dans ses paroles et les mélodies de ses lignes de chant clair. Avant de partir en tournée mondiale et quelques semaines avant que le groupe ne devienne énorme, Jesse Leach quitte le groupe, est remplacé par un Howard Jones, certes ultra talentueux, mais moins charismatique, et le groupe connaît alors la carrière qu'on lui connaît. Aujourd'hui encore, tout le monde s'accorde à dire qu'Alive Or Just Breathing est le meilleur album du groupe.
Presque 10 ans plus tard, Adam et Jesse se retrouvent, écrivent et enregistrent un album ensemble sous le nom de Times Of Grace. Et aussi incroyable que ça puisse paraître, le duo parvient à réitérer l'exploit et propose avec cet album un véritable chef d'oeuvre, la pierre angulaire d'un renouveau de la scène. Dorénavant, The Hymn Of A Broken Man est le mètre-étalon du métal mêlant puissance et mélodie, et la barre est vachement haut ! Chaque seconde de l'album transpire la sincérité, le talent et l'âme des deux musiciens. Les riffs, les solos, les arrangements et les structures sont époustouflantes, et Jesse Leach aborde la moindre de ses lignes de chant comme si sa vie en dépendait. Les harmonies sont parfaites, et même les effets de production moderne, qui ne servent en général que de cache misère à des gens incapables de tenir leurs promesses musicales (oui, c'est à toi que je parle, All That Remains), transcendent ici le talent absolument inhumain des deux hommes.
Le mois de janvier n'est pas encore terminé, et le top album 2011 connaît déjà un vrai bouleversement, je me demande même si Crowbar parviendra à faire mieux !