Je suis un passéiste convaincu que rien de ce qui se fait aujourd'hui ne sera jamais aussi bien que ce qui a déjà été fait par le passé. Et dans le cas de Fear Factory, c'est d'autant plus vrai que je faisais partie des rares personnes qui, à l'époque de la sortie de Demanufacture, étaient déçues que le groupe abandonne ses fondations franchement death au profit d'un metal industriel certes extrêmement bien foutu, mais qui me parlait moins que la folie destructrice du premier album. Avec les années, j'ai malgré tout appris à apprécier cet album majeur pour le metal des années 90, mais aujourd'hui encore, je garde une très nette préférence pour Soul Of A New Machine. Par la suite, j'ai été déçu à chaque fois : je n'ai pas aimé Obsolete, encore moins Digimortal, et aujourd'hui encore, à l'exception d'un titre ou l'autre, ces albums me laissent dans une indifférence crasse. Pourtant, je me suis toujours considéré comme un fan de Fear Factory, et j'ai attendu chaque sortie d'un nouvel album avec une impatience non contenue. Archetype avait quelque peu réveillé la flamme, Christian Olde Wolbers, en imposteur doué, parvenant sans peine à singer la technique caractéristique de Dino Cazares avec un talent qui m'avait laissé croire à l'époque que finalement, le groupe pouvait parfaitement survivre au départ de Dino. Transgressions me ramena à la dure réalité de la vie par sa médiocrité et son côté bâclé, qui signait, de manière plus évidente encore que la lassitude affichée par le groupe, la fin de sa carrière.
Un coup de théâtre ramenant Dino et éjectant la section rythmique plus tard, Fear Factory revient avec Mechanize. Et là, mes amis, on se réveille ! Comment a-t-on pu croire que Fear Factory pouvait exister sans Dino ? Je pense sincèrement que le line up actuel est le meilleur que Fear Factory ait connu. Raymond Herrera est certes talentueux, mais personne n'arrive à la cheville de Gene Hoglan, et ça s'entend super fort sur cet album. La finesse de son jeu transparaît alors même que la martialité et la précision métronomique exigée par les riffs de Cazares sont sans doute les plus pointues de la discographie du groupe. Mais le jeu de Gene est vivant, groovy, ses pieds sont mécaniques, mais ses cymbales sont aériennes et dégagent un groove qu'on avait jamais entendu dans Fear Factory (Designing The Enemy). Rien que ça suffirait à faire de Mechanize une totale réussite, mais Dino est lui aussi en grande forme. La parenthèse Divine Heresy a encore aiguisé sa précision, et il est super rapide, le bougre. Il se permet même des accents thrash (Fear Campaign) par moments qui accentuent encore la brutalité de son jeu. Burton, porté par un line up de rêve et des compos plus brutales les unes que les autres, est lui aussi en grande forme, livrant sa prestation la plus hargneuse depuis Demanufacture. Avec Rhys Fulber aux manettes, le son reste caractéristique et on ne peut plus proche de ce qu'on attend de Fear Factory. C'est pour ça que cet album est tellement réussi : c'est du Fear Factory, c'est sûr, ils ne réinventent pas le son du groupe, mais ils le développent, le boostent et lui donnent une attaque qu'ils n'avaient plus connu depuis 15 ans. Autrement dit, Mechanize est l'album que j'attendais patiemment depuis 1994, rien que ça. C'est pour ça que malgré que je sois globalement d'accord avec l'analyse de l'ami Ercan, je devais malgré tout donner ma version des faits. Dont acte. Notons aussi que l'édition limitée de l'album comporte en bonus track une version réenregistrée de Crash Test qui figurait sur Soul Of A New Machine et qui ne fait que confirmer que leur premier album est définitivement le meilleur !
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