mercredi 10 février 2010

Eryn Non Dae. / Hacride : l'interview

Quand se présente l'occasion de mettre quelques questions sous le nez des musicos que vous appréciez, c'est déjà pas mal. Quand vous avez l'opportunité de le faire au guitariste d'un de vos favourite bands auteur d'un des meilleurs albums en 2009, c'est encore mieux. Quand vous pouvez le faire en même temps aux gratteux des vos deux groupes phares de l'année écoulée, c'est... :)

En muthafuckin' exclu pour Hail & Kill : l'interview croisée de Franck Quintin et Adrien Grousset, guitaristes chez Eryn Non Dae. et Hacride. Enjoy!


Hail & Kill: Bonjour à vous. Passage obligatoire pour commencer : l'histoire du groupe, les grands moments, vos origines, etc.

Franck: END. est né en 2001 et a à peu près 70 concerts à son actif (et oui seulement..snif) (rires) dont le HellFest 2007, le Bracara Fest et le Prayer Fest en 2009. Nous avons à notre actif un EP, The Never Ending Whirl Of Confusion (2005), et un album, Hydra Lernaia (2009), tous deux enregistrés au ConKrete Studio de Mobo. Nous avons été signés chez Metal Blade l'année dernière et tout va bien!


Adrien: Ba écoute, pour faire bref on est né en 2003 environ, nous avons trois albums à notre actif, plusieurs tournées dans les pattes, françaises et européennes, et nous sommes actuellement en train de promouvoir notre troisième album, Lazarus, qui est sorti en avril chez Listenable records… En fait je sais plus trop quoi dire, ta question est très vaste (rires).


H&K: Votre actualité immédiate est une grosse date au Bikini de Toulouse le 18 février prochain. Quelle est la signification de cette date pour vous? Comment s'y prépare-t-on? A quoi vous attendez-vous et qu'en espérez-vous?

F: La date où enfin les gens connaitront les morceaux car l'album est dans les bacs depuis Juin 2009. C'est une date très importante pour nous et ce pour plusieurs points : le Bikini quand même, et avec Hacride que nous aimons beaucoup dans le groupe. Première date ensemble enfin. On s'était seulement croisés au Hellfest 2007 car nous y jouions chacun et une fois également lors d'une de leur date toulousaine pour Amoeba, excellente d'ailleurs. Le concert sera filmé pour en faire quelque chose. Quoi? Peut être un clip live mais à la « Manu Ruffié », l'auteur de la vidéo « The Decline And The Fall » qui est spéciale on peut dire... donc on prépare ça en faisant deux sets à chaque répétition et on monte en pression la date approchant. J'espère que les gens répondront présents car l'affiche est excellente avec Emia et Nephalokia à nos côtés et que l'orga bosse dur sur cette date.

A: Je ne sais s'il y a une signification particulière, le Bikini est une salle mythique et nous sommes très content de revenir à Toulouse, l'accueil a toujours été très bon. Et puis on s'y prépare comme à chaque date. Que se soit sur une très grosse scène de festival ou que se soit dans une salle plus intimiste, l'envie de jouer reste la même en fait, le stress aussi :)…


H&K: Votre préférence va à la scène? Au studio? Aux deux? Y'a-t-il un meilleur endroit qu'un autre pour apprécier pleinement votre musique?

F: Les deux j'ai envie de dire. La scène pour la récompense des efforts fournis et la puissance que peut dégager le groupe. De voir aussi les fans vivre comme nous nous vivons notre musique sur scène, emportés très loin par celle-ci. Le studio me fait bien tripper aussi car tu t' immerges dans ta musique, tu cherches et enfin c'est la première fois où tu entends comment sonnent tes chansons avec un bon gros son! Un endroit pour apprécier pleinement notre musique?? Soit à burne dans une chaine hifi, soit nous à burne dans une salle de concert!

A: Ce sont deux aspects artistiques totalement différents, ce sont deux émotions, deux états d'esprit complémentaires. Le live c'est l'instantanéité, la spontanéité, c'est une performance éphémère alors que le studio sous entend une longévité. En clair quand on est en studio on ne rêve que de partir en tournée et quand on est en tournée on veut revenir en studio… nous adorons ces deux aspects du métier!!


H&K: Vous voit-on bientôt en Belgique?

F: Nous concernant, rien en vue malheureusement mais pour Hacride, oui je dirais! Isn't it Adrien??

A: Bien sûr, nous avons beaucoup joué en Belgique, nous adorons ce pays, nous nous y sentons bien et le groupe est assez populaire là-bas, donc pourquoi ne pas revenir?


H&K: Vous avez assez rapidement accédé au rang de fleurons de la scène française. Comment vit-on tout cela? Sentez-vous la pression?

F: Ah bon??? Tu me l'apprends... (rires). On est pas inconnus non plus mais, au vu du nombre de dates que nous faisons et même si Hydra Lernaia se vend bien, j'ai du mal à croire à ce statut. Mon quotidien est le même qu'il y a cinq ans (rires). La seule pression que j'ai et que le reste du groupe a, c'est de faire un second album aussi costaud mais différent du premier.

A: On le vit comme au tout début, il n'y a pas forcément de pression particulière, nous ne faisons que du rock nous ne mettons pas notre vie en jeu (rires)… Il faut toujours avoir la tête sur les épaules et se rappeler qui nous sommes et ce que l'on fait, du rock'n roll, et nous sommes là pour le partager avec le plus grand nombre de personnes, nous ne valons pas plus que la personne qui vient nous voir en concert et, plus encore, tu n'existes que par la présence de cette personne!! Si tu as toujours cette idée là en tête, tu peux vivre n'importe quelle situation!!!


H&K: Cette fameuse scène française a été longtemps le parent pauvre du métal européen. Comment expliquez-vous le revirement fulgurant qu'on a vécu ces dernières années, avec un Gojira entre autres ?

F: Le niveau des musiciens est excellent depuis quelques années donc, forcément, des groupes surgissent. C'est tant mieux car c'est vrai qu'avant il y avait Loudblast, Agressor et puis basta presque. Gojira a fait ouvrir les oreilles et les yeux à toute la sphère métal des pays étrangers. Qu'ils en soient remerciés!

A: Je ne sais pas, je ne crois pas à l'importance de la nationalité dans le succès et je ne crois pas que Gojira soit le porte drapeau de la scène française, ils réussissent parce qu'ils sont bons, pro et originaux. Qu'ils soient français ou finlandais, je crois que tout le monde s'en fout… Ça donne de l'espérance aux groupes français qui pensaient que le rock ne faisait pas partie de notre culture! Donc je n'ai pas forcement d'explication rationnelle à cet intérêt nouveau des médias sur les groupes français, peut être cherchent-ils justement à mettre le doigt sur une "french touch"? Nous le vivons de l'intérieur, donc avec peu de recul au final...

H&K: Des groupes français à nous conseiller?

F: Simplixity, Ananta, JenX, Ethersens, Minus Human.

A: Mistaken Element, Trepalium, Klone, Nothingness… entre beaucoup d'autres!

H&K: Quelles sont vos principales influences personnelles? Et celles du groupe?

F: J'ai grandi avec Metallica et son Master Of Puppets. J'avais 12 ans quand il est sorti et j'ai pris ma fessée comme jamais. Incroyable en 1986 d'avoir cette qualité musicale. Ensuite, j'ai adoré Sepultura, Machine Head, Fear Factory... que des groupes ricains en fait! (rires). Pour le groupe, Neurosis, Meshuggah sont les deux influences majeures pour END..

A: Ça va du blues au classique, en passant par le rock 70's et par l'electro… c'est très divers!


H&K: Votre musique est lourdement basée sur les ambiances plutôt que sur des prouesses techniques. Comment et pourquoi arrive-t-on à ça?

F: Parce que c'est ce qui nous fait vibrer! Les ambiances te font voyager car elles ont le « pouvoir » de raconter une histoire au travers de notes. Notre côté technique nous sert à apporter de la puissance et non à faire de la branlette si je puis m'exprimer ainsi... (rires)

A: La prouesse technique ne sert à rien si elle ne sert pas la musique! La musique est un vecteur d'émotions, balancer des soli à 300 bpm n'apporte aucune émotion particulière, cela montre que tu es rapide, propre et mégalo (rires)! Je pense que, tout comme END., nous cherchons à faire voyager les gens dans un monde que nous avons essayé de créer de toute pièce.

H&K: Avec des morceaux comme To Walk Among Them pour les uns ou Pure pour les autres, le progressif est un élément majeur dans vos morceaux. Difficile de vous exprimer en dessous d'une certaine durée?

F: On essaie mais c'est vrai qu'on a tellement de choses à raconter dans nos morceaux qu'à chaque fois on est pris au piège. C'est à cause de ces foutues ambiances!(rires)! Il faut le temps qu'elles s'installent! Mais on se force justement pour le prochain à ne pas faire que des périples. On verra si nous y sommes arrivés!

A: Tout dépend de ce que tu veux exprimer. Nous avons des morceaux plus courts mais qui ne racontent pas la même histoire, la durée n'est pas non plus un critère de qualité mais cela nous permet de nous exprimer librement, sans aucune barrière. Nous n'avons pas à respecter la dictature du format 3'30"!! Nous faisons ce que bon nous semble :)

H&K: Quelle est votre méthode principale de composition au sein du groupe?

F: Un très gros travail à la maison avec nos boîtes à rythmes et nos papiers. On amène le « gros » du morceau au local et ensuite on travaille dessus des heures durant. Ensuite, chacun de son côté travaille sur les bases du local. Mika, arrivé une grosse année avant de rentrer au studio, nous a apporté le côté spontané tout en étant capable de trouver des idées et riffs au local. Cela donne un mélange cérébral/spontané très intéressant qui s'est retrouvé sur un morceau comme Through Dark Skies par exemple. Nous essayons d'aller encore plus dans ce sens pour le prochain.

A: Je compose l'ensemble de la musique. J'essaye de proposer aux autres membres du groupe une maquette la plus finie que possible de manière à ce qu'ils puissent y réfléchir de leur coté, c'est une manière de se focaliser sur le peaufinage. C'est un gain de temps aussi (enfin pas pour moi (rires)), nous arrivons en studio avec l'ensemble du cd dans la tête et déjà bien mûr!!

H&K: Pour les plus geek d'entre nous, vous pouvez nous décrire votre matos?

F: Deux superbes guitares Gibson Les Paul Baritone qui sonnent du feu de dieu. Une tête Rivera modèle Knucklehead avec un caisson Mesa-Boogie équipé de Vintage 30. Niveau pédales d'effets : delay, flanger, pitchshifter et un e-bow depuis peu. Oh, j'allais oublier. Un accordeur quand même! (Hahaha)

A: Je joue sur Bogner Uberschall, Orange rocker, line 6, tc electronic pour la partie multi-effet, je dirige le tout par midi. Je suis également endorsé par Jackson Guitars et j'ai une signature Clain, un luthier français. Niveau pedal board, je reste classique : wha-wha, whammy accordeur…


H&K: Avec Internet qui est désormais incontournable, comment organise-t-on la promo? En la matière, quelles sont vos relations avec Metal Blade et Listenable?

F: Niveau promo avec MB, rien à redire... le cd est très bien distribué, les interviews s'enchainent et on a même du mal à suivre parfois (rires). Hydra Lernaia est chroniqué dans tous les gros magazines, webzines. Aussi bien MB US que MB Europe répondent à nos moindres questions. Rien à redire. Ensuite, je travaille de mon côté tous les jours pour continuer à développer la notoriété du groupe.

A: Nos relations avec Listenable sont très bonnes, ils ont beaucoup fait pour nous, ils nous aident à grossir… c'est un excellent label qui favorise l'expression artistique plutôt que le business, puisqu'ils savent que si leurs artistes sont libres ils pourront sortir des albums originaux!! Niveau promo je dois t'avouer ne pas tout suivre tout le temps :), le label s'en occupe pas mal mais notre manageuse fait du très bon taff aussi, ainsi que Ben (basse) qui s'occupe de la communication Internet en partie!

H&K: Tout cela va évidemment de pair avec le téléchargement illégal, qui est aujourd'hui largement répandu. Votre position vis-à-vis de cela?

F: Ben moi je suis un vieux con car j'ai commencé par acheter des vinyls quand même (rires)! Il me faut l'objet, le visuel, les paroles pour voir où le groupe a voulu en venir et m'immerger dans son univers... il faut bien savoir que le téléchargment illégal TUE le groupe. Point barre. Déjà que, pour un groupe, de plus oeuvrant dans le metal, c'est pas facile avec les ventes d'albums, merch', cachet. Alors là oui, tu le tues direct!

A: C'est dur d'avoir une position tranchée sur le sujet, je me permettrai donc de juste prendre le contrepied de se qu'on a l'habitude d'entendre à la radio ou à la télévision. Le téléchargement ne tue pas l'artiste! Il tue le CD très certainement mais pas celui qui le conçoit. Internet fait du mal aux maisons de production qui se sont engraissées pendant des dizaines d'années sur le dos des artistes qu'elles signaient. Un groupe de musique, en règle générale, ne perçoit pas plus que 15 à 20 pour cent du prix de revient d'un CD. Pour un CD vendu, l'artiste touche donc entre 80 centimes et 1,20€… le CD en vente coute combien déjà? 20€? Plus? Je pense que tu vois où je veux en venir, le musicien doit jouer pour vivre, c'est son métier qui veut ça, le CD n'est qu'un produit… je ne cautionne pas le téléchargement illégal, mais il y a une juste mesure. Que Madonna ou Placebo (entre autres) s'en prennent aux "téléchargeurs" est une vaste blague, ce sont ces personnes mêmes qui viennent à leurs concerts et achètent leur tee-shirt, ce sont donc ces mêmes personnes qui les font vivre et exister!


H&K: Vous avez de nouveaux morceaux en gestation? Quels sont les plans pour le futur? On peut déjà se mettre à baver?

F: Oui! Nous sommes à peu près au milieu du processus de composition. Tu vas baver car je peux te dire que nous allons jouer un nouveau morceau au Bikini! Pour les plans futurs, rien de très important. Des dates isolées, pas de festivals. Fuck!

A: En travail, mais c'est difficile de se concentrer sur un nouveau projet alors que nous sommes encore en pleine tournée, nous allons avoir besoin de temps… nous continuerons à tourner jusqu'aux festivals d'été, après nous verrons pour septembre s'il faut faire une pause de manière à enclencher le processus de composition!

H&K: En vous remerciant, on vous laisse la parole pour conclure...

F: Merci à toi et je souhaiterais remercier des personnes qui travaillent dans l'ombre du groupe et qui le font vivre : Annelise, Pierre, Bertrand, Sandra, Daniel.

A: Merci à toi pour cette interview, et encore désolé pour l'attente :) (NDLR : pas de blème!)

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