Suite de l'interview-fleuve des excellents The Guilty Brothers Experience dont le premier album éponyme est disponible un peu partout...
L’album est co-produit par Rudy Coclet, figure bien connue de la musique belge (Arno, Sharko, Jeronimo, An Pierlé). Quel a été son apport, et est-ce que son nom vous aide à faire parler de l’album ?
Sal Jean : Cet homme a tout d'abord une exigence de qualité tant au niveau de la musique que de la production. Une de ses forces est dans le choix des artistes avec lesquels il décide de travailler, peu importe le genre musical, pourvu que l'artiste fasse bien son "boulot". Notre réelle chance a été dans ce choix, car nous n'aurions jamais cru (ou du moins un petit peu sinon nous ne l'aurions pas contacté), que notre travail l'intéresserait. A partir de là, la magie a opéré... Nous n'avions plus qu'à le regarder travailler et d'échanger nos sourires en guise d'accord. Son apport fût avant tout humain, car il travaille à l'humain, ensuite son professionnalisme a fait la différence et puis, le résultat que vous entendez sur l'album. Notre force tient beaucoup au fait qu'une personne comme Rudy ait osé miser sur nous, être reconnu par ses pairs, ça vous flanque un coup de bignou dans l'cul, et vous donne de l'énergie pour un grand moment. Ca va bien plus loin que la production de l'album, et ça, c'est son aide pour le boost nécessaire à la défense de celui-ci! Et pour le plaisir de vos oreilles...
J.Gé: Rudy est vraiment un monument vivant de la musique... En plus de ses références plus connues, il faut savoir qu'il a déjà travaillé en live pour des gens comme Maceo Parker et Bootsy Collins... C'est évidemment grisant et rassurant d'avoir quelqu'un avec ce passé qui se penche sur votre musique... Au niveau "philosophie musicale", il représente un peu l'arrière garde, comme j'aime à appeler ça... Et c'est quelque chose qui nous correspond à fond ... Une allergie aux samples, aux triggers, au "tout en digital". On n’est pas vraiment nostalgiques ou rétrogrades, mais on a l'impression que tout dans ce monde va vers le plus lisse et aseptisé possible... On a plutôt un amour pour l'artisanat, et Rudy est exactement cela : un artisan... On est donc venu chez lui avec toutes les prises live qu'on avait fait avec François Vincent et on lui a laissé totalement carte blanche pour cuisiner ces ingrédients. Il a vraiment apporté sa pierre à l'édifice. Après, vu le peu de retours qu'on a pour le moment, je ne pense pas que le fait que son nom soit accolé à la production ait changé grand chose ! On nous prend pas spécialement plus au sérieux pour ça j'ai l'impression ...
Votre musique me rappelle parfois celle du dEUS des débuts. C’est une influence ou c’est moi qui délire et qui entend dEUS dans tous les groupes belges ?
Bob Litter : Evil superstar plus non? Mais c'est pas voulu du tout alors... Quand on est belge... on est Belge ! (Georges Brassens)
Sal Jean : Tu as raison pour un titre, qui est un petit clin d'œil à un groupe en fait, pas dEUS que certains d'entre nous respectent, mais Evil Superstars avec dans ses rangs entre autre, Tim VanHamel, Mauro Pawlowsky, qui maintenant, pour le premier, a créé le groupe Millionaire, et le second oeuvre justement dans dEUS. Influence de la scène anversoise, peut-être, car c'est une des plus riches, ou du moins la plus reconnue, mais dans l'absolu leurs compositions ne nous ont jamais particulièrement transcendé. Pour la scène belge, il est évident que dEUS est un groupe influent, mais le problème c'est qu'un groupe dont l'identité, la revendication de ce qu'on appellera le "rock indépendant belge", est ou était taxé lors de sa sortie, systématiquement de dEUS ou sous dEUS... quoi que maintenant ça va mieux... Donc pas beaucoup de choix pour défendre ton bazzzarrrrr à ton aise. Et ne pas oublier le grand problème de la Belgique, c'est son et ce son BelgoBelge!!! Donc pour un groupe comme nous, je te fais pas un dessin. Mais ça, c'est un autre problème, et j'ai envie qu'on nous voit nous énerver quand on en parle. Un verre autour d'une table?
Anton Chagrin : C'est cool dEUS!
En écoutant l’album, je n’arrive pas à déterminer si les chansons sont calculées de manière super précise ou si elles sont le résultat de jams, comment composez-vous ?
Bob Litter : Elles sont les deux en même temps et/ou séparement... et vice versa... tu suis?
Sal Jean : Encore une fois, c'est notre petit secret. Mais pour lâcher un peu de mots, nous réfléchissons pas mal à nos squelettes, après, la vie d'un morceau évolue... L'enregistrement est une captation d'un moment, ensuite nos ritournelles s'en vont s'enrichir en live et donc se diversifier. Nos concerts sont, d'un point de vue technique et scrupuleusement "notal", à chaque fois différents. Pendant une portion appréciable du show, soit dans les attaques, soit dans les transitions, l'oreille peut se faire bonheur à l'écoute d'une variation Guiltyenne. Une telle disposition est le fruit d'un apprentissage...
La composition du groupe est classique, mais j’ai souvent l’impression d’entendre plus que de la guitare-basse-batterie-chant sur le disque. Y a-t-il des invités ?
Bob Litter : ah bon....
J.Gé : C'était un de nos fantasmes, pouvoir utiliser les talents qui gravitent autour de nous pour notre seul plaisir !!! Alors on s'en est donné à cœur joie ! Au final, il y a une dizaine de personnes qui sont venues apporter leur touche à l'album, Manu Hermia au sax et au bansuri, Jeuc Dietrich à la vielle à roue et au cello, Toma d'aMute et François qui nous enregistraient aux claviers, VoltVoice aux guitares, Jennifer El Gammal au Trombone et des filles saoules aux chœurs, entres-autres...
C’est comment un concert du groupe ?
Sal Jean : Déjà un peu développé dans une autre question, mais je dirais, "pas mal", "C'est différent", "mais pourquoi les guitares vont si fort"? , "Pourquoi vous bougez comme ça sur scène?", "les vidéos sont vraiment terribles", "le chanteur j'aime pas quand y crie, j’préfère la voix de l'album"... etc.
Bob Litter : Faudrait demander aux gens qui nous ont vus ... Mais vu de la scène, c'est : démarrage, regarder les gens, se dire bon y a encore que nous qui allons danser (ou pas), puis on se dit wouaw ce morceau passe bien aujourd'hui (ou le contraire), puis après c'est soit: Là je suis, mais alors là! Super Bien... Ou alors je me dis: "T'es pas dedans mais peut-être que les autres si...", et puis y a de jolies images qui défilent devant nos yeux ... Et les gens se mettent nu sur les envolées érotique... non, je m'égare.
J.Gé : Ca reste le but final de ce groupe ... La magie qui se dégage lorsque on est sur scène et qu'on sait que tout est à faire, qu'on est chacun libres de tirer les autres vers quelque chose qui n'est pas prévu ...
Et quand le public reste attentif et rentre dans cet envoûtement avec nous ... Alors là c'est tout le travail de ces dernières années qui prend son sens ...
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