mardi 27 septembre 2011

Machine Head : "Unto The Locust"

On en a déjà parlé, The Blackening est le meilleur album de ces dix dernières années, au bas mot. Si un seul album doit définir le métal, c'est celui-là. Sacrée pression quand il s'agit de donner un successeur à un tel monstre. On savait Machine Head capable de relever le défi, sans se répéter. Ils ont su prouver, tout au long de leur carrière, qu'ils allaient toujours de l'avant, évoluant, progressant, testant des choses diverses, parfois au grand dam de certains fans, qui ne se sont toujours pas remis de The Burning Red et Supercharger. Je n'en fais évidemment pas partie, et je suis fan hardcore de la moindre note que le groupe a produit depuis 1994 (oui, même de la reprise de Colors). On a malgré tout atteint une sorte de pic avec The Blackening, et avant même d'attaquer Unto The Locust, je savais que ça ne pourrait pas être mieux. Et de fait, ce n'est pas mieux. Le groupe a atteint un tel niveau qu'ils ne peuvent pas vraiment aller plus loin, si ce n'est en changeant complètement d'orientation musicale, ce qui n'a pas l'air d'être à l'ordre du jour. Résultat, Unto The Locust reste dans la même catégorie que son prédécesseur, et est comparable à ce dernier par de nombreux aspects : de longs morceaux épiques aux structures tout droit héritées de la NWOBHM (Iron Maiden n'est jamais bien loin), appliquées à un thrash progressif virtuose mais surpuissant. Le problème, même si ce n'en est pas vraiment un, c'est que c'est déjà tellement riche que ça laisse peu de marge de manoeuvre pour essayer de nouvelles choses. Alors certes, c'est ultra bien joué, et chanté à merveille par un Robb Flynn qui se surpasse (il a pris des cours paraît-il), appuyé par un Adam Duce qui lui aussi s'est vachement amélioré, donnant à cet album son lot d'harmonies vocales époustouflantes. Le jeu de guitare est bien évidemment lui aussi à couper le souffle sur cet album, la symbiose entre Phil Demmel et Robb Flynn étant, comme sur tous les albums sortis depuis que Phil a rejoint les rangs du groupe, parfaite. 
Dans son ensemble, l'album est donc bien évidemment excellent, mais contrairement à son prédécesseur, il n'est pas parfait. Les deux reproches principaux étant un côté un peu too much par moments, où il y a tellement de notes que ça frise la démonstration un peu gratuite, écueil que le groupe avait su éviter brillamment jusqu'ici. L'autre truc, c'est une implication émotionnelle beaucoup moins grande des chansons par rapport à leurs albums précédents. Depuis The Burning Red et sur tous les albums qui ont suivi, Robb Flynn vidait ses tripes dans ses textes, confiant ses angoisses, ses drames personnels et ses démons de manière certes parfois un peu maladroite, mais toujours sincère et hyper touchante (Five, Crashing Around You, Left Unfinished, Aesthetics Of Hate, par exemple). C'est un aspect que je ne retrouve pas vraiment sur cet album, mes poils ne se sont pas dressés sur mes bras comme sur les chansons précitées. Je reviendrai peut-être sur cet aspect-là, puisque je n'ai pas encore vraiment eu l'occasion de me pencher sérieusement sur les paroles (en particulier celles de Darkness Within qui pourraient bien me faire changer d'avis). 
En conclusion, oui, je chicane, car soyons clairs : Unto The Locust enterre la quasi-totalité de la production métallique (ou pas) de ces dernières années, et tourne en boucle dans ma bagnole depuis que j'ai mis la main dessus. Le truc, c'est qu'avec The Blackening, il n'y avait pas de "quasi". J'ai aussi l'impression de ne pas avoir assez de recul pour vraiment apprécier l'album dans son intégralité : je suis encore dans la phase où je découvre des nouvelles choses à chaque écoute, et plus j'écoute, plus j'aime. Je pense que quand j'aurai une heure à passer en tête à tête avec le livret du CD et ma chaîne hi fi à fond, je pourrais bien carrément changer mon fusil d'épaule !

5 commentaires:

  1. Je te trouve un peu trop indulgent sur le coup. Tous les ingredients de Blackening sont présents mais MH n'a pas trouvé la formule magique pour renouveler l'exploit. La plage d'ouverture est bien, tout comme la titulaire, "Darkness Within" tire son épingle du jeu de facon magistrale (sans doute une des meilleures compos de 2011, avec des paroles terribles), mais le reste n'est pas à la hauteur. Le groupe semble avoir misé sur la vitesse avant tout, alors que la force de Blackening résidait dans le mélange subtil entre moments sombres et agression lourde. Pire, l'album se permet de terminer sa trajectoire dans le mur avec un morceau introduit par d'horripilants choeurs de petites nenfants. L'édition spéciale ne comporte que 2 reprises et une version acoustique (de Darkness Within, comme par hasard) pas vraiment indispensables. Bref, le miracle ne s'est pas reproduit : l'album reste satisfaisant dans le paysage 2011, mais je le situe dans le ventre mou de la discog du groupe. C'est évidemment toujours le même problème quand un groupe sort un album-étalon... impossible de faire abstraction du passé, et du coup l'impression laissée par le successeur est toujours beaucoup plus délicate à décortiquer.

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  2. the not-man is back :-)

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  3. Je nie catégoriquement ;)

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  4. Serviet23:24

    Après plusieurs écoutes, je suis de l'avis de Buttor et même plus : c'est une tuerie ! A part Who We Are un peu mièvre, c'est une bombe. Les harmonies vocales ont été travaillées et ça se voit, c'est excellent à ce niveau. De plus, les passages leads mélodiques sont splendides !

    Bon c'est moins lourd que The Blackening comme l'a dit Vinz, mais je vais pas faire la comparaison avec leur chef d’œuvre précédent, qualifié de Master Of Puppets de la décennie par Flynn lui-même. Par contre, je suis 100% d'accord avec Vinz sur Darkness Within, ce morceau fait presque tâche sur l'album tellement ce boquet est magistral.

    Merci à vous et à votre blog, j'avais une image vraiment boisée de MH qualifiant leur musique d'opportuniste (Période Burning Red/SuperCharger). Mais comme quoi les étiquettes, c'est vraiment de la merde (et vous l'avez toujours dit)

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  5. Evidemment qu'il n'est pas aussi bon que The Blackening, mais ça ne l'empêche pas d'être excellent :-) Tu fais bien de citer Master Of Puppets : rien n'est mieux que cet album (pas même The Blackening ;-), mais ça n'empêche pas que d'autres albums soient excellents... Si The Blackening est le Master Of Puppets de Machine Head, Unto The Locust est son And Justice For All !!

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