lundi 3 octobre 2011

Plan bouquin : "Journal à bicyclette" (David Byrne)

Hey vous vous souvenez de ces trucs plein de pages et sans vidéos, qu’on avait l’habitude de consommer le siècle passé ? Ces bidules qu’on appelait, comment déjà… ah ouais, des LIVRES !


David Byrne (l'ex-chanteur de Talking Heads, bande d’inculques) a rassemblé dans ce bouquin ses notes de voyage, ou plutôt de pérégrinations cyclistes, à travers plusieurs mégalopoles de ce vaste monde. Il en résulte un exquis sentiment de dépaysement, narré à travers le filtre d’un promeneur tranquille mais extrêmement attentif à tout ce qui l’entoure. Ses descriptions de villes telles que Buenos Aires, Manille, ou Sidney sont à la fois hilarantes et enrichissantes (bordel je mettrai jamais les pieds en Australie après les explications sur l’Atrax Robustus, une saloperie mortelle qui se planque dans les serviettes de bain et dont les chélicères peuvent transpercer des PUTAIN DE BASKETS). Mais les constantes digressions – un peu poétiques, parfois philosophiques, souvent sociologiques – qui émaillent la narration des voyages sont le vrai piment du livre. En marge des habitudes nocturnes d’une ville ou de l’évolution culturelle d’une autre, on savoure les rencontres de Byrne avec ses nombreuses relations de la sphère artistique (théâtre, musique, galeries d’art, musées et j’en passe) qui donnent lieu à des échanges menant systématiquement l’auteur à livrer ses réflexions sur des sujets aussi divers que l’urbanisme, le mélange interculturel, le rôle de la musique, la gastronomie, ou encore Powerpoint (sic).

Le style d’écriture m’a paru guindé, un peu comme si on lisait un écrivain britannique, ce qui m’a décontenancé de la part d’un américain (Byrne est né en Ecosse mais a migré vers l'Amérique du Nord dès sa jeune enfance). La faute à la traduction, ou le reflet de l’intelligentsia new-yorkaise dont Byrne fait évidemment partie ? Toujours est-il que mis à part cette relative lourdeur (qui affecte la phraséologie mais n’entache pas pour autant la narration), le propos de Byrne offre une évasion rafraichissante qui m’a régalé de la première à la dernière page, grâce au rythme entretenu à travers chaque chapitre – on passe allégrement de l’anecdote locale aux grandes introspections existentielles. Avec parfois, une jolie envolée remplie d'inspiration dont celle que je vous livre pour conclure : « Le monde n’a rien de logique… c’est une chanson. »

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